L'EXPOSITION
RAYON JOUETS
Deuxième exposition Art Explora au Hangar Y, Rayon Jouets présente une réflexion sur les jouets qui façonnent et conditionnent nos systèmes de compréhension du monde, dès le plus jeune âge. À retrouver du 18 mai au 22 septembre 2024.
Comme dans les rayons d’un grand magasin, les jouets se suivent mais ne se ressemblent pas. À destination de tous les publics, l’exposition rassemble certains des plus anciens jouets retrouvés dans le monde, aux côtés de pièces récentes pensées par des artistes contemporains de la scène internationale.
À travers les œuvres d’une quarantaine d’artistes contemporains majeurs ou émergents et aux prêts de quatre institutions muséales d’envergure, Rayon Jouets déplie une réflexion sur le jouet (en tant qu’objet), le jeu (en tant que pratique) et leurs idéologies, autrement dit les systèmes de compréhension du monde qu’ils façonnent.
Emblèmes de l’enfance, les jouets existent depuis la Préhistoire et sont les supports du jeu, véritable fait culturel universel. Comme l’art, le jeu fait partie des phénomènes permettant aux êtres humains d’appréhender le monde et oriente le rapport que l’enfant va créer avec le réel, et façonne l’adulte qu’il deviendra.
Certains jouets cachent bien leur jeu : derrière leur vernis inoffensif et leur rôle affiché de divertissement, ils sont empreints de visions de la société qui reproduisent ce que l’on pourrait appeler la norme. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, ils constituent principalement un support d’apprentissage. L’importance du loisir, du développement et de l’imagination n’est reconnue que tardivement, grâce aux mouvements éducatifs du XXe siècle.
À travers les jouets anciens et les artistes contemporains présentés, Rayon Jouets prend le parti de regarder le jouet et le jeu sous le prisme du « conditionnement », examinant comment le jouet est « conditionné », c’est-à-dire « produit » (à la fois matériellement et idéologiquement) et comment le jeu peut, à son tour, conditionner l’enfant.
Un comité curatorial et scientifique
L’exposition Rayon Jouets présente 50 œuvres d’une quarantaine d’artistes contemporains aux côtés de plus de 80 jouets anciens provenant de quatre institutions muséales d’envergure : le musée des Arts décoratifs (Paris), le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée - MUCEM (Marseille), l’Institu
Le propos et le contenu de l’exposition Rayon Jouets sont conjointement conçus grâce au conseil scientifique d’Anne Monier Vanryb en matière de jouets historiques et modernes et à l’expertise de Cédric Fauq quant à la création artistique contemporaine. La direction artistique est représentée par Blanche de Lestrange.
Les artistes de l'exposition
L’exposition Rayon Jouets rassemble une cinquantaine d’œuvres d’artistes contemporains : peintures, sculptures, installations, vidéos, jeux-vidéos… Ces artistes ont pour point commun de détourner le jouet, parfois contre lui-même, pour amener à le regarder autrement. Artistes de renommée internationale comme artistes émergents et de tous horizons figurent au sein de cette exposition qui questionne le jouet sous plusieurs angles. Certaines oeuvres présentent une dimension interactive afin d’offrir aux visiteurs une expérience unique, dynamique et interactive.
On retrouve :
Monira Al Qadiri, Francis Alÿs, Mathis Altmann, Nina Beier, Neil Beloufa, Eloise Bonneviot & Anne de Boer, Tommy Cash, Debora Delmar, K. Desbouis, Cécile Di Giovanni, Gerrit Frohne-Brinkmann, Simon Fujiwara, Elsa Goussies, Matthieu Haberard, Rachel Hobkirk, Tony Hope, Esteban Jefferson, Gregory Kalliche, Ghislaine Leung, Nevine Mahmoud, Gabriel Massan, Ad Minoliti, Chalisée Naamani, Arash Nassiri, Charlemagne Palestine, Benoît Piéron, Hannah Quinlan & Rosie Hastings, Bunny Rogers, Janne Schimmel, Cindy Sherman, Flannery Silva, Aviva Silverman, Kyle Thurman, Dziga Vertov, Marianne Vieulès, Julia Wachtel, Zhi Wei, Murphy Yum.
Le parcours de l'exposition en 6 thèmes clés
Identité
Lorsque la femme d’affaire américaine Ruth Handler présente Barbie à la American International Toy Fair (la Foire Internationale Américaine du Jouet) en 1959, elle est la première poupée représentant une femme adulte à être produite en série. Cette nouvelle ligne de jouets de la compagnie Mattel marque un tournant dans le monde du jouet, puisque jusque-là les poupées représentaient principalement des nourrissons et des enfants. Réceptacle de multiples critiques depuis sa création, la poupée Barbie est la preuve d’une conscience partagée de l’influence qu’ont les jouets sur la construction de l’identité chez les enfants. Les œuvres des artistes présentées dans cette section complexifient cette relation.
Génération
Les jouets, s’ils ont pour vocation première d’être manipulés par des enfants, sont également l’objet de convoitise pour les adultes, qui les collectionnent et peuvent en faire usage à des fins de divertissement ou thérapeutiques. Les jouets concentrent également des souvenirs et en cela ont le pouvoir de fonctionner comme des portails temporels. Dans cette section, les artefacts historiques et les œuvres des artistes présentés témoignent des relations qu’entretiennent les jouets avec le temps. Certains traversent les générations, quand d’autres sont propre à une période historique donnée. Certains artistes s’intéressent à la figure du collectionneur de jouets voire adoptent ce rôle.
Transaction
Billes, cartes à jouer, jeux de plateaux… Si les jouets se vivent d’abord dans un rapport exacerbé à la propriété (« C’est MON jeu ! C’est à MON tour ! »), certains se fondent sur l’échange et la transaction, imitant le fonctionnement du « monde des grands » (on pense notamment aux maisons de poupées). Pour autant, le filtre du jeu opère toujours une distinction avec la réalité voire une abstraction du monde réel. Cette section de l’exposition s’intéresse à des artistes qui se frottent à celui-ci, s’emparant de logiques de transaction pour la production de leurs œuvres. Enfin, le terme de transaction permet aussi de rappeler que le jouet est soumis à des contingences économiques et qu’il va toujours de pair avec un prix de vente, un marché qui continue de croître depuis la révolution industrielle et un de ses corrélats : les expositions universelles, dans lesquels les jouets avaient une place de choix.
Contrôle
Si dans l’imaginaire collectif le jouet a d’abord un rôle de divertissement, d’éducation voire d’émancipation, on sait aussi que celui-ci a été manipulé à des fins de contrôle et de propagande. On pourrait même dire que les imaginaires véhiculés par les jouets, puisque conçus et produits par des adultes, sont toujours des « calques » du « monde des grands » et participent donc, pour la grande majorité, à la reproduction d’idéologies normées. Ainsi, on apprend aux enfants à jouer à certains métiers, on leur inculque la notion de propriété privée, et on les entraîne même à faire les parents. Il n’est donc pas étonnant que des pouvoirs politiques, militaires ou encore religieux s’emparent du jouet pour participer à l’embrigadement des esprits. L’ensemble des œuvres et objets rassemblés dans cette partie de l’exposition témoignent de la manipulation de jouets comme outil de contrôle.
Conflit
Le philosophe et historien de l’art allemand Walter Benjamin, dans son essai « L’histoire culturelle des jouets » (1928), avance que l’histoire des jouets est aussi celle du conflit entre les enfants et les adultes. Des épées en bois aux fausses armes à feu en passant par les soldats de plomb, il est facile d’observer l’omniprésence de la violence dans les jouets pour enfants. S’il s’agit, dans certains contextes historiques et géopolitiques, de « préparer » les enfants à rentrer dans les rangs, il est aussi parfois question de rendre la guerre plus vivable, moins violente, lui donner une image plus acceptable. Parmi les jeux et objets présentés dans cette section de l’exposition, certains artistes transforment des expériences violentes en série de peluches et figurines.
Ressource
Dans la longue histoire du jouet, on peut identifier un changement de paradigme majeur au moment où le plastique fait son apparition dans les usines de production. Alors que depuis l’Antiquité les jouets étaient faits à partir de matériaux naturels (terre, bois, métaux…), la révolution industrielle du 19ème siècle puis les avancées technologiques rendues possibles par la seconde guerre mondiale vont permettre l’intensification de la production de jouets en plastique. Dans le même temps, l’emballage des jouets devient un sujet à part entière, ce qui accroît l’utilisation du plastique. Cette dernière section de l’exposition met en avant le rapport complexe et parfois contradictoire entre les jouets et les ressources naturelles.
Autour de l'exposition
Un catalogue de jouets comme un livret de visite
Le livret de visite, imaginé avec l’agence de game design l’Equipe Ludique et dont le graphisme a été réalisé par Matthieu Djadaojee et Léo Imbert, sera conçu comme un catalogue de vente de jouets. Cet outil, à destination notamment des familles, vise à créer un dialogue intergénérationnel et à susciter la création de souvenirs communs autour du jouet. Petits et grands seront invités à explorer les rayons de ce grand magasin, guidés par deux personnages que l’on retrouve dans l’exposition : Tchebourashka et Nukerashka. Tchebourashka est un personnage de la littérature enfantine russe de la fin du XXème siècle, tandis que Nukerashka est le nom donné à une sculpture de l’artiste Tommy Cash qui en reprend les traits. Au fil des pages, ces deux pièces prennent vie pour faire découvrir les histoires qui se cachent derrière les jouets et oeuvres de l’exposition et pour permettre aux visiteurs de comprendre les messages clés de chaque section. Des activités ludiques et pédagogiques invitent également à activer des dispositifs de médiation intégrés au sein de l’exposition.
Des dispositifs multisensoriels et interactifs
Découvrir le son de hochets anciens grâce à une borne sonore, se prendre en photo déguisé en jouet, observer un jeu de l’oie à la loupe, plonger ses mains dans des boîtes à l’aveugle et tenter de deviner ce qui s’y cache, imaginer les nouveaux habitants d’une maison de poupées : autant de dispositifs multisensoriels et interactifs proposés afin d’éveiller la sensibilité et la curiosité. Des cartels sensibles à hauteur d’enfant seront également intégrés tout au long du parcours de visite pour accompagner les plus jeunes dans l’appréhension des œuvres. En complément de la médiation sur place, des programmes d’apprentissage et de découverte artistique seront proposés pendant toute la durée de l’exposition. Chaque lundi, les groupes scolaires sont invités à découvrir les œuvres à travers une visite guidée par les équipes de médiation du Hangar Y, suivie d’un atelier de création artistique. Le mercredi matin et tout au long de l’été, seront également accueillis des groupes du champ social et périscolaires pour une exploration encadrée par les bénévoles de la fondation Art Explora, adaptée aux envies et besoins de chaque groupe.
Informations pratiques
Accès
9, avenue de Trivaux - 92190 Meudon
Gares : Meudon Val Fleury (RER C), Meudon (Ligne N)
Bus : Lignes 169, 289, 389 (arrêt : Trivaux-Hangar Y)
Tarifs
Exposition : 10€ / 7€
Gratuit pour les moins de 6 ans, bénéficiaires des minimas sociaux, titulaires du minimum vieillesse, personnes en situation de handicap et leur accompagnateur.
Horaires
Le hangar est ouvert de 10h à 20h les week-ends et jours fériés et de 11h à 19h en semaine pendant les vacances scolaires (zone C).